Abstract
| - Dans la ville de Tours, le travail de la soie est quasiment une mono-industrie ; les femmes, et en particulier les ouvrières en soie, peuvent y obtenir, sinon une indépendance, du moins une certaine émancipation. Les preuves de cette émancipation peuvent être de trois ordres : la place tenue par ces femmes aussi bien dans la sphère privée, les ouvrières travaillant souvent à leur domicile, que dans la sphère publique ; le fait que cette émancipation soit au centre des préoccupations juridiques et sociales ; et enfin les traits propres à ces femmes. Pour la plupart elles ont en effet entre vingt et vingt-sept ans et elles sont en majorité célibataires. Enfin, cette émancipation, notamment des femmes seules, favorisée ou encouragée par le travail de la soie, se manifeste par un changement dans la manière dont elles perçoivent le domaine privé et domestique, par leur tendance à développer des formes de solidarité et de sociabilité féminines, qui en retour permettent à ces femmes de garder une forme d’indépendance. Le travail de la soie peut donc bien être considéré comme une voie pour l’exercice de la liberté individuelle des femmes tourangelles au xviii e siècle.
- In the city of Tours, silk work constituted practically the sole local industry. It was through silk that women, and in particular those who worked in the production of the raw material, were able to achieve, if not independence, at least a certain form of emancipation. Three factors can be put forward as evidence of this new-found emancipation: the role of women both in the private domain, since the workers very often worked in their own homes, and in the public sphere; the fact that this emancipation was to be found at the heart of legal and social preoccupations of the time; and last of all, the very characteristics of these women: most of them were aged between twenty and twenty-seven, and single for the most part. Last of all, this emancipation, in particular of single women, aided or even encouraged by the silk-working industry, was manifested by a change in the way they perceived the private and domestic domain and by their tendency to develop new forms of feminine solidarity and sociability, which in turn enabled these women to maintain this form of independence they had achieved. Silk working can therefore be considered as one of the main means by which the women of Tours in the 18th century were able to exercise their individual liberty.
|