Abstract
| - Résumé. Vous vous demandiez encore ce qui peut justifier : le financement par l’État, plutôt que par les employeurs, d’une part toujours plus importante des bas salaires (allègements de cotisations, Prime à l’emploi, RMA) ; la « conditionnalité » et la « sélectivité » croissantes des prestations chômage ; la remise en cause de la réduction collective de la durée du travail ou des emplois publics aidés ? Vous n’étiez pas encore totalement persuadés que pour instaurer un système « juste et efficace » de lutte contre le chômage, il fallait amplifier ces orientations, et y adjoindre des subventions aux entreprises plutôt que de la formation professionnelle (inefficace) ou flexibiliser encore l’emploi en permettant aux employeurs de licencier librement (en contrepartie d’une taxe) ? C’est que vous n’aviez pas encore lu l’ouvrage de Pierre Cahuc et André Zylberberg - respectivement professeur d’économie à l’université Paris I et directeur de recherche au CNRS - qui se donne pour objectif de présenter à un large public les « découvertes », qui font l’objet « d’un large consensus à l’échelle internationale », sur le fonctionnement du marché du travail, les causes du chômage et les solutions à lui apporter. Nous avons voulu savoir quel emploi de l’économie était fait par cette économie de l’emploi. Car, derrière l’intention affichée de « dépolitisation » de la question du chômage, l’entreprise des auteurs est, mine de rien, assez ambitieuse : exposer les fondements « scientifiques » d’un programme qui s’avère être de facture authentiquement « social-libérale ». Face à l’échec actuel de la lutte contre le chômage, en France comme dans d’autres grands pays de la zone euro, les sciences économiques n’ont-elles à proposer qu’un plaidoyer en faveur d’un nouveau renforcement des régulations marchandes sur le marché du travail ? Pas « fatalement », ni « nécessairement » nous expliquent ici deux économistes renommés, Henri Sterdyniak et François Legendre, qui ont bien voulu nous livrer leurs commentaires critiques.
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