Abstract
| - Traitant de l’agglomération du Caire, Bénédicte Florin et Anna Madœuf réfutent tout d’abord l’idée que cette mégapole soit une magmapole non structurée. Elles commencent par montrer que, au fil des occupations de quartiers, des transformations perpétuelles d’une ville et de ses tissus en extension rapide, nous sommes face à une ville duelle où l’on se côtoie sans se rencontrer. C’est la ville des râqis, les riches cairotes qui, par la grâce des estacades, « surfent » de lotissements privés en clubs et hôtels internationaux. Au contraire, les classes moyennes ( cha’bi) investissent, elles, les espaces publics et les espaces verts. Les regards de tous ces gens sur eux-mêmes et sur les autres, sur le centre ancien, sur les villes nouvelles, évoluent avec le temps, d’autant que le Caire se décloisonne et s’étend. La manipulation des symboles du centre, du « baladi » (le citadin), du « sa’îdi » (le rural) n’est pas en reste ; elle confère sans cesse des statuts renouvelés au patrimoine et aux entités qu’il recouvre ou sert à catégoriser. Après une analyse dense et fine, les auteures concluent que « les ordres » et, par conséquent, les désordres, sont multiples, évolutifs et indissociables.
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