Abstract
| - Résumé. Le taux de césariennes au Sénégal a augmenté en 2007 de 124 % par rapport aux taux observés avant la mise en place de l’initiative de subvention des césariennes en 2006. Cette augmentation est variable selon les régions et selon les hôpitaux dont certains affichent des taux supérieurs à 50 % des accouchements réalisés au sein de l’établissement. L’objectif est d’analyser les raisons des taux de césariennes institutionnels élevés et au-dessus de la moyenne nationale dans trois niveaux d’exemption des coûts des césariennes au Sénégal. Cette étude est basée sur une approche qualitative avec des entretiens semi-directifs auprès des personnels administratifs et de santé et des femmes enceintes dans trois structures de santé ainsi qu’auprès des autorités sanitaires au niveau central. Ces taux de césariennes élevés ne sont pas directement liés à la politique de subventions des césariennes instituées en 2006. Au niveau des personnels de santé, la perception des taux de césariennes sont plus liés à l’image que les acteurs de santé ont des taux populationnels que des taux institutionnels. Ces taux populationnels étant très bas, les personnels ont tendance à effectuer davantage de césariennes. Au niveau du personnel de gestion, la rentabilité financière des taux de césariennes élevés (dans les trois niveaux d’exemption des paiements) constitue une motivation importante pour inviter les professionnels à pratiquer plus de césariennes. Malgré ces taux élevés, on assiste à un discours normatif des personnels de santé qui considèrent que leurs pratiques visent uniquement à sauver la mère ou l’enfant. Cependant, ces taux de césariennes élevés peuvent à terme augmenter les décès maternels et aller à l’encontre de l’objectif du millénaire pour le développement (OMD 5) concernant la réduction de 3/4 de la mortalité maternelle d’ici à 2015.
- Summary. In 2007, the number of caesarean sections performed in Senegal increased by 124% compared to the number of caesarean sections recorded before the introduction of a C-section funding initiative in 2006. The rate of increase varies in different regions and hospitals, with some hospitals performing caesarean sections in over 50% of deliveries. The purpose of this paper is to analyze the main reasons for high hospital caesarean section rates (i.e. above the national average) based on three cases of exemption from payment. The study is based on a qualitative method involving semi-structured interviews with healthcare and administrative staff and pregnant women in three healthcare institutions and interviews with central health authorities. Research indicates that high caesarean section rates are not directly linked to the C-section subsidy policy introduced in 2006. The perception of caesarean rates is more closely linked to the perception of population rates among healthcare professionals than to the perception of institutional (hospital) rates. Since population rates are very low, healthcare professionals tend to perform more caesarean sections. Among management staff, the financial returns of high caesarean section rates (in the three levels of exemption) represent a significant motivation for encouraging healthcare professionals to perform more C-sections. Despite these high rates, a normative discourse was found to be held by healthcare professionals, who tend to consider that their practices are aimed exclusively at saving the mother or the child. However, in the long term, high caesarean section rates may result in an increase of maternal deaths and go against MDG 5, aimed at reducing maternal mortality by 3/4 by 2015.
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