Abstract
| - Freud a toujours « fermement » refusé de considérer l’angoisse de mort comme fondamentale, tout comme, selon lui, la mort n’a pas de place dans l’inconscient. Pourtant, une lecture approfondie de son oeuvre et de son rapport à la mort, nous invite à envisager ces deux assertions comme des questions toujours ouvertes. En effet, certains analystes, confrontés à la clinique de patients en fin de vie, ont proposé de discuter ce point de vue initial. Cet article présente, rapidement, à partir de l’expérience de plusieurs années en soins palliatifs, en quoi le travail psychologique avec le patient en fin de vie, ses proches et les soignants nous conduit à ré-ouvrir ce problème théorique. Nous proposerons un questionnement concernant les fréquents symptômes rencontrés dans cette clinique comme l’angoisse, la dépression, la douleur, les états confuso-oniriques, les perturbations du sommeil, et certaines demandes d’euthanasie sous l’angle d’une angoisse de mort spécifique et de l’existence de représentations psychiques, symboliques et imaginaires de la mort. De la même manière, nous envisagerons la culpabilité liée au travail du deuil des proches comme défense inconsciente contre une expérience de « la mort dans le miroir », tandis que nous proposerons l’illustration d’une défense des professionnels contre l’angoisse de mort que l’accompagnement des patients en fin de vie réactive.
- Freud always ìfirmlyîrefused to consider death anxiety fundamental and believed that death has no place in the unconscious. Nevertheless, taking a closer look at his work and his own relation to death, we notice that these two assertions remain opened questions, as it did for other authors. Indeed, several analysts who worked with dying patients had proposed to discuss these initial points of view because of the unusual elements that these cases introduced. Based on numerous years of experience in palliative care, this paper briefly presents how psychological work with dying patients, their relatives, and their caregivers lead us to consider again this theorical problem. We will propose to question frequent symptoms like anxiety, depression, pain, delirium, sleeping disturbances and some requests of euthanasia under the angle of a specific death anxiety, and of the existence of symbolic and imaginary representations of death. In the same vein, we will examine the guilt emerging from the relatives’- mourning process as an unconscious defence mechanism against the experience ìthe death in the mirrorî. Furthermore, we will present an illustration of the professional caregiver’s defence mechanism against death anxiety that is reactivated by dealing with patients’ dying process.
|