Abstract
| - La toxicomanie est souvent appréhendée comme une entité psychopathologique, désignant le sujet comme le « dépendant » ou « l’addict », simple esclave du toxique. Pour certains psychanalystes, le désir de ces sujets est considéré comme « éteint », rabattu sur le champ du besoin. Mais la rencontre clinique n’incite-t-elle pas, au-delà du « besoin » repéré dans ce contexte, à y entendre également un « désir » ? Ne serait-ce que le désir d’être « non désirant » ? En s’appuyant sur le discours de sujets dits « toxicomanes », le présent travail tente d’interroger ce désir. L’objectif est ici d’apporter un contrepoint à une conception défectologique de la toxicomanie, tout en mettant l’accent sur la responsabilité du sujet dans son rapport à l’objet. Quelles peuvent alors être les fonctions d’un tel « montage » dans l’économie psychique de ce sujet ? La présentation d’un cas clinique, tout en éclairant les fonctions du toxique dans une organisation hystérique, autorise l’hypothèse d’une construction de la toxicomanie dans une adresse à l’Autre. Situé sur un versant masochiste, ce montage présente la mort tout en appelant l’amour. Envisager la toxicomanie sous cet angle permet alors de se questionner sur les systèmes de prise en charge proposés aux sujets toxicomanes et en particulier sur les institutions qui s’offrent comme un environnement familial de suppléance. En effet, si le moteur d’un montage toxicomaniaque est le désir du désir de l’Autre, comment guérir le sujet d’une telle prise en charge ?
- Drug addiction is often comprehended as a psycho-pathological entity, where the subject is seen as the « dependant » or the « addict », a toxic slave. For certain psychoanalysts, the desire of these subjects is considered to be « turned off », displaced to a plain of need. But does the clinical encounter not incite that beyond this « need » there is also a « desire »? Even if this desire is to desire nothing ? By focusing on the views of these so called « drug addicts », this body of work attempts to interrogate this desire. The goal here is to bring a counter-argument to a defected concept of drug addiction, simply by highlighting the responsibility of the subject towards the object.What are thus the functions of such a « construction » in the psychic economy of this subject? The presentation of a clinical case, by way of underlining the toxic functions in a hysterical organization, authorizes the hypothesis of a drug addiction construction in an address to the Other. On the masochist side, this set-up presents death by simultaneously calling upon love. To consider drug addiction under this light thus allows one to question the systems of treatment proposed to drug addicts and in particular the institutions that offer a substitute family environment. So in fact, if the motor of the drug addict’s construction is the desire of the desire of the Other, how does one cure or free the subject of such a predicament?
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